Léo Dorfner : “J’envisage mes aquarelles comme des films ou des poèmes”
Les aquarelles de Léo Dorfner captivent, fascinent, tant par leur réalisme que par leur beauté. Des gros plans de la peau, des yeux, des mains et de la bouche, interviennent comme capteurs émotionnels et sensoriels que l’artiste met au service d’une esthétique poétique. Celui-ci nous parle de ses réalisations et de ses influences, de l’importance du tatouage et des mots dans ses œuvres.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Léo Dorfner, je suis artiste plasticien. Je suis né le 25 décembre 1985, et ai effectué mes études à l’École nationale des Beaux-Arts de Paris.
J’ai toujours dessiné. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours passé mon temps libre à dessiner ou à regarder des images. Le monde des arts et des images, c’était pour moi une évidence.
Parlez-nous de l’une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le plus satisfait.
Je travaille depuis plusieurs années sur un projet qui m’est cher, et dont le titre est “Smoke Signals”. Il s’agit de reproductions de pochettes d’albums réalisées à l’intérieur de paquets de gitanes. C’est un projet sans fin, puisque de nouveaux albums sortent sans arrêt, et donc de nouvelles pochettes peuvent être reproduites.
Le tatouage est présent dans votre travail d’aquarelle (une citation, une chanson, un poème…) et répond à la poétique de l’image. D’où vous vient cet intérêt pour les mots ?
J’ai toujours été fasciné par les tatouages. Comme beaucoup d’enfants, je collectionnais les décalcomanies. Aujourd’hui je suis tatoué. Je dessine des tatouages pour les autres, et dans mes œuvres. J’aime l’esthétique des tatouages, les old school comme les plus récents. Cela me sert aussi de prétexte, ou de support, pour écrire (ce qui est une sorte de dessin), en particulier ce que je considère comme de la poésie.
Quelle est la provenance des images, des portraits, des corps que vous représentez ?
Les images que j’utilise, que ce soit pour mes aquarelles ou pour mes peintures, proviennent en grande partie d’internet. J’aime l’idée qu’il existe une source intarissable d’images, et que celles-ci finissent pas constituer une nouvelle esthétique. Mais je travaille aussi d’après mes propres photos. Je me déplace toujours avec un appareil sur moi.
Par fragments, vous peignez le caractère intime, érotique et sensuel des relations sexuelles, dans leur réalité crue. Est-ce l’acte du désir qui
vous interpelle ?
Ce qui m’intéresse surtout ce sont les corps, et plus particulièrement la peau. Cela fait peut-être écho à ma passion des tatouages. Le désir naît de la peau. Dans mon travail d’aquarelle, j’aime représenter des corps, souvent en gros plan, de sorte que l’on puisse voir la peau, son grain, ses défauts, ses imperfections.
Je juxtapose les images, parfois de manière à ce qu’elles se poursuivent les unes dans les autres, comme on fait rimer les mots. Parfois j’oppose les images pour créer un nouveau sens. J’envisage mes aquarelles comme des films ou des poèmes.
Quelles sont vos influences artistiques, littéraires, musicales ?
Il y en a beaucoup : l’art, la musique, le cinéma, la vie, les fleurs, Raymond Pettibon, John Baldessari, Charles Bukowski, Hunter S Thompson, Andy Kaufman, Iggy Pop, Serge Gainsbourg, Alex Barbier, Patti Smith, George Best, Michel Houellebecq, Steve Mc Queen, Rai, Pauleta, Akira Kurosawa, Martin Scorcese, Stanley Kubrick, le Velvet Underground, les Rolling Stones, Yukio Mishima, Kraftwerk, Pere Ubu, Sonic Youth, Georges Perec, Wim Wenders, Carl Sagan, David Salle, Robert Longo, Wade Guyton, George Brummell, Bob Dylan, Francis Ford Coppola…
Pour quelles raisons avez-vous choisi l’aquarelle comme médium de prédilection ?
J’ai commencé l’aquarelle par hasard, enfant. C’est un médium que je connais bien, et que je pense maîtriser. On peut tout faire ou presque en aquarelle. De plus, l’aquarelle permet de travailler vite, ce qui est important pour moi.
La présence de fleurs est éminemment forte dans vos œuvres récentes, quelles significations lui donneriez-vous ?
Je trouve les fleurs belles, et je les trouve fascinantes. Plus exactement, c’est ce qu’on en fait que je trouve fascinant. Que l’on ait inventé un langage des fleurs par exemple est assez incroyable.
Les fleurs évoquent à la fois l’amour, le sexe, la séduction, mais aussi l’amitié, la décoration, et même la mort. Elles sont assez universelles.
Retrouvez les aquarelles de Léo Dorfner sur Instagram
Propos recueillis par Isabelle Capalbo
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